Culture lean

Culture lean

En décembre dernier, au premier jour d'une mission, le client me met entre les mains un exemplaire de Learning to Scale, le livre de Regis Medina. L'entreprise mène une démarche lean depuis plusieurs années, sous l'impulsion de son dirigeant. Sur le moment, je me demande comment ma prestation va s'articuler avec cette approche et le coach déjà en place : complémentaire ? Concurrente ? Indépendante ?

Car le lean restait une chose floue pour moi. On en entend souvent parler dans notre industrie, mais il n'est pas mainstream comme l'agilité. Tant mieux, sans doute, au vu du chemin pris par l'agilité 🥲

À dire vrai, j'ai lu sur le sujet. J'ai lu l'ouvrage de Taiichi Ōno, j'ai lu sur les origines du lean chez Toyota. Je comprenais ce que je lisais et pouvais même y trouver des applications dans mon travail au quotidien ; je sentais bien que ce devait être important, et pourtant j'avais l'impression persistante de passer totalement à côté. Je voyais notamment dans le lean une collection de pratiques toutes fondées, mais sans parvenir à faire le lien entre elles ni percevoir la "big picture".

Jusqu'à la lecture de cette phrase :

[Le lean] n'est pas un système de production, c'est un système d'apprentissage.

Paradoxal si l'on considère que le lean vient du "Toyota Production System". Mais le paradoxe se lève facilement : si la finalité reste la production (de voitures, de logiciels…), il s'agit de faire comme si l'apprentissage était une fin en soi. En d'autres termes, penser à l'amélioration de la production avant de penser à la production.

Cette phrase fut une épiphanie, mon petit "aha moment". Je me souviens avoir posé le livre un moment et regardé au loin, plein du sentiment d'avoir enfin trouvé mon angle d'attaque.

Cette phrase éclaire en effet mon expérience de consultant en qualité logicielle : en tant que consultant, j'aide mes clients à trouver des réponses et leur transmets mon savoir-faire. Mais même si je les épaule, la mise en œuvre reste de leur fait. Parfois, cela se fait tout seul, quand d'autres fois il faut les porter à bout de bras, au risque de s'épuiser.

Ou, pour dire les choses plus crûment : parfois, rien ne se passe, alors même que j'ai mis de l'énergie à aider mon client, alors même que mes idées sont bien reçues par les développeurs et les middle-managers.

La différence ?

Le terrain. La culture de l'entreprise, l'envie d'apprendre, l'autonomie des individus dans la recherche de solutions au bénéfice de leur entreprise. Des managers à l'écoute de ce qui émerge. Si l'on sait depuis longtemps que la demande des équipes d'être accompagnées fait toute la différence, le lean nous dit que cette différence se cultive.

Cette phrase du livre "Learning to scale" me manquait pour commencer à comprendre ce qu'est le lean. Preuve que, même si les écrits fondateurs sont incontournables, le choix de mots différents et la mise en perspective par d'autres personnes ont toute leur importance et toute leur place.

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