Coacher le coach

Coacher le coach
Crésus Johnson, mon coach.

Un athlète, s'il a des questions, les pose à son entraîneur. Vous et moi pouvons poser nos questions à un thérapeute — et trouver nos réponses ce faisant. Mais ces entraîneurs et thérapeutes, à qui posent-t-ils leurs questions ? À qui font-ils part de leurs doutes ?

Un thérapeute est censé être supervisé par un autre thérapeute, qui lui évitera de s'égarer et l'aidera à garder une juste distance vis-à-vis des patients, condition nécessaire pour pouvoir les aider.

Le problème dans le domaine informatique, c'est que la plupart des coachs agiles et craft n'ont pas de formation au coaching. On peut supposer (je dis bien supposer) qu'ils maîtrisent la matière sous-jacente, mais quid du savoir-faire propre à la relation, à l'accompagnement ?

Ça m'embête un peu de le dire, mais c'est également mon cas. Je suis venu au coaching par glissement, du fait de mon expertise technique et organisationnelle. En dehors de ça, j'ai appris sur le tas, au prix de quelques faux-pas.

Et par moments, je sens bien que cela ne suffit pas. Voilà 3 ans que j'accompagne des entreprises, la boutique tourne, et pourtant je ne peux réfréner certaines questions :

  • Mon action auprès de ce client est-elle bonne ?
  • Si lui la trouve bonne, puis-je m'en satisfaire ?
  • S'il ne la trouve pas bonne, est-elle forcément mauvaise ?
  • Est-ce que j'actionne les bons leviers ?

Ces interrogations sont là depuis un moment, mais une récente mission dont je sors insatisfait les a rendues plus pressantes. Pour cette raison, j'ai sollicité l'aide d'une coach professionnelle pour ma supervision. Le fait de formuler les choses devrait aider, comme le fait de disposer d'un regard extérieur sur mon activité.

À bien y regarder, ces questionnements ont trait à l'éthique. Je suis tenté de penser que le "en premier, ne pas nuire" des médecins est un bon début : ne pas rajouter de la confusion dans une organisation qui dysfonctionne, préférer une succession de petits changements à un grand big bang forcément douloureux, être ambitieux pour les personnes que l'on aide tout en étant réaliste quant à leur capacité à changer… voilà autant d'applications concrètes de l'injonction "primum non nocere" (en latin, c'est plus smart 😉).

Mais il y a des cas limites.

On dit souvent en plaisantant qu'un coaching réussi, ce sont des développeurs qui démissionnent : parce qu'ils prennent conscience que l'organisation pour laquelle ils travaillent dysfonctionne et ne changera pas, tandis qu'ils découvrent que d'autres façons de travailler sont possibles.

La blague est intéressante parce qu'elle pose la question de savoir qui le coach est supposé aider : son client, qui le paye, ou bien la collectivité formée par le client et ses employés ? De qui doit-il en conséquence maximiser le surplus ?

Food for thought 😊

Pour ceux qui n'ont pas la référence : https://youtu.be/mBIWGXQXb90?si=ahIwBC-58ob7oFQ7

Subscribe to Mathieu Eveillard

Don’t miss out on the latest issues. Sign up now to get access to the library of members-only issues.
jamie@example.com
Subscribe